Douleurs abdominales récurrentes

Les douleurs abdominales (maux de ventre) sont un motif fréquent de consultation chez le médecin. À côté de causes précises comme l’appendicite, on sait que les enfants et adolescent·e·s ont très souvent mal au ventre quand ils sont malades (quand ils ont de la fièvre, quand ils ont un rhume), ou quand ils sont constipés. Ces épisodes de douleur passent en général rapidement.

Certains enfants ou adolescent·e·s ont très souvent mal au ventre, parfois presque tous les jours, au point qu’il leur arrive d’aller à l’infirmerie ou de rater l’école, quelques jours, voire plusieurs semaines. On conseille souvent une alimentation saine et une activité sportive. On évoque stress, anxiété. En fait, des situations difficiles de vie sont souvent en jeu, par exemple des chagrins, des soucis plus ou moins cachés…. En effet on sait que l’intestin est très connecté avec les pensées et les émotions, on dit même que c’est le 2ème cerveau ! En parler (avec le médecin puis si possible un·e psychothérapeute ou un·e pédopsychiatre) est alors important. Souvent la situation s’arrange ainsi progressivement.

Parfois les douleurs se multiplient, avec des crises violentes, et les consultations se multiplient : le/la jeune voit et revoit le médecin traitant, pédiatre traitant·e, parfois gastro-entérologue pédiatre ; il·elle va de médecin en médecin, se rend aux urgences plusieurs fois, est parfois hospitalisé·e. De nombreux examens (radios, prises de sang, fibroscopies, ou d’autres examens encore) sont faits par prudence et s’avèrent normaux. On parle d’anxiété, voire de dépression.
Malgré des traitements contre la douleur, des régimes ou d’autres thérapies, les douleurs persistent, sont de plus en plus en envahissantes, la vie est complètement perturbée par ces douleurs, qu’elles soient permanentes ou par crises.

Parfois une maladie de l’intestin explique en partie ces douleurs, mais malgré les traitements adaptés, la douleur reste non calmée, invalidante, plus importante qu’attendu. Bien souvent dans ces cas, des éléments émotionnels ou des éléments de vie difficiles sont présents, tels que ceux décrits dans la partie « La douleur chronique ». Parfois aussi, dans ces situations de maladie chronique, les besoins fondamentaux psychologiques de l’enfant ou de l’adolescent ne sont plus respectés : besoin d’autonomie, de relations et de compétences. Or ils sont nécessaires au bien-être, comme cela est expliqué dans le chapitre sur la douleur chronique.

Dans ces cas, les émotions et la douleur liée à la maladie s’entremêlent et produisent un cercle vicieux avec des douleurs chroniques invalidantes.

Dans toutes ces situations, quand la douleur abdominale a un retentissement important sur la vie, qu’il y ait ou non une explication à cette douleur, il est important de s’orienter vers une consultation spécialisée sur la douleur chronique pour reprendre toute l’histoire, aborder les différents aspects de la vie de l’enfant qui sont perturbés par cette douleur, et pour élaborer des solutions.

Parfois, en cas de crises de douleurs abdominales violentes séparées de périodes sans aucune douleur, une migraine abdominale peut être évoquée. Dans ces situations aussi, si les douleurs persistent après les consultations avec le pédiatre ou le médecin de famille, une consultation spécialisée auprès d’un pédiatre expert de la douleur et de la migraine de l’enfant peut permettre de trouver des solutions.