Méthodes psycho-corporelles

Méthodes psycho-corporelles

Dans le quotidien, enfants et adolescent·e·s utilisent beaucoup leur imaginaire dans leurs divertissements. Ils ont une grande capacité de concentration quand ils sont plongés dans leurs jeux.
C’est pour cette raison qu’ils aiment pratiquer la relaxation ou l’hypnose qui mobilise l’une et l’autre cette capacité de se projeter ailleurs à partir d’images, de métaphores pour inviter. Bien sûr, les techniques diffèrent selon l’âge, le développement psychomoteur, les préférences et les besoins de l’enfant/adolescent·e.

Dans la gestion et la modulation de la douleur, les méthodes psychocorporelles comme la relaxation, l’hypnose, la méditation ont démontré leur efficacité.
Quelle que soit la méthode choisie, l’importance est d’être en confiance avec le ou la professionnel·le qui la propose.

Le principe est que l’enfant/l’adolescent·e puisse en faire l’expérience d’abord avec le/la professionnel·le, puis s’exercer seul·e pour enfin acquérir une autonomie pour réaliser des séances seul·e. On parle alors d’auto-relaxation ou d’auto-hypnose.

  • Quels en sont les bénéfices ?

La douleur mobilise de nombreuses régions dans le cerveau, et immobilise le corps.

Les retentissements sont lourds et beaucoup de choses sont empêchées par la douleur chronique : le mouvement, les pensées, la fluidité, les sensations agréables du corps, jusqu’à ne plus pouvoir mener sa vie normalement parfois.

La relaxation et l’hypnose permettent de ressentir le corps différemment, de faire l’expérience que des sensations agréables, des moments de répit, peuvent avoir lieu.
L’apprentissage de ces méthodes permet d’être plus en lien avec soi-même et d’être à l’écoute des émotions qui accompagnent la ou les douleurs, de prendre conscience de la tension musculaire, apprendre à la relâcher.

L’utilisation de ces techniques demande un entrainement régulier et progressif pouvant permettre ainsi de les utiliser, de façon autonome, dans les situations de crises douloureuses survenant à l’école, en cours, dans les transports … Ces techniques ce n’est pas seulement « apprendre » à se détendre… mais aussi comprendre dans quelles situations, la douleur surgit ou s’intensifie par exemple en situation de conflit, d’impasse, qui entrainent un stress important, parfois un blocage.

Ces méthodes psychocorporelles ont montré leur efficacité dans les douleurs chroniques de l’enfant et de l’adolescent·e. De nombreuses études en témoignent. Elles font donc partie intégrante des soins à proposer dans ce type de douleurs.

  • Qui consulter ?

Les psychologues et psychomotricien·ne·s sont les professionnel·le·s le plus souvent formé·e·s à ces méthodes, parfois des infirmier·e·s, médecins, kinésithérapeutes peuvent l’être aussi. D’autres personnes se forment à ces méthodes et les pratiquent, sans être au départ un·e professionnel·le de santé. Il convient de s’assurer de leur compétence à pouvoir soigner un enfant/adolescent·e douloureux. Dans le doute, un contact entre votre médecin et cette personne sera utile.

Votre médecin pourra d’ailleurs vous indiquer un·e professionnel·le de confiance à proximité de votre domicile ou dans un service spécialisé de la douleur de l’enfant. Les séances peuvent être proposées en individuel ou en groupe, selon votre situation.

  • Quelle approche choisir ?

Le choix de l’approche appartient en premier lieu à l’enfant, qui va donner ses préférences mais il peut être guidé par le/la psychologue qui l’aura reçu pour ses douleurs, car l’âge, le niveau de développement psychomoteur et la personnalité peuvent entrer ne ligne de compte dans le ce choix.

La relaxation

La relaxation démarre toujours par un temps de concentration sur une image, une sensation de calme et de tranquillité. Il existe des méthodes différentes. Nous avons choisi de vous présenter les trois que nous utilisons le plus fréquemment.

1. Le training autogène de Schultz

Il s’agit de la méthode-mère de la relaxation, la plus employée. Elle cherche par des inductions verbales (« Mon bras droit est tout lourd », « Mon dos est tout chaud », etc.) à entrainer chez le sujet un état passif de concentration. C’est dans ce contexte que sont amenées progressivement, en plusieurs cycles, la reconnaissance de sensations de pesanteur, de chaleur, puis celle des fonctions circulatoires, respiratoires, abdominales et céphaliques.

2. La méthode Jacobson

Le patient s’entraîne à observer ses schémas de tension et à les relâcher (« Serrez vos poings pendant 7 à 10 secondes… Remarquez les tensions…Relâchez-les pendant 15 à 20 secondes et observez la détente qui s’installe ») : concentrant son attention sur des états de tension musculaire qu’il provoque, le sujet apprend à repérer ces tensions, puis il cesse son effort et porte son attention sur les nouvelles sensations qui sont, alors, identifiées comme celles du relâchement. De répétitions en répétitions, il essaie d’approfondir les états de détente musculaire. L’idée est qu’en diminuant ces tensions, on atténue l’impact émotionnel.

3. La relaxation thérapeutique méthode Bergès

La relaxation thérapeutique Bergès a cette spécificité d’avoir été pensée pour les enfants/adolescent.e.s et notamment en groupe. La séance commence toujours avec un échange avec le/la thérapeute : il pourra aborder tous les thèmes qu’il désire : la douleur, la séance précédente, un souci avec la grande sœur, etc. Dans le cas de la relaxation thérapeutique méthode Bergès, le déroulement est aussi segmentaire (bras, jambes, bassin, dos, cou, généralisation, respiration, plexus solaire, visage) : « Je vais venir mobiliser ton bras pour te permettre de repérer les parties qui sont encore tendues et celles qui le sont moins. Tu n’as pas besoin d’aider ni d’empêcher le mouvement. »Le thérapeute touche alors et nomme « l’épaule, le bras, le coude, l’avant-bras, le poignet et la main » et propose des images « souple et lourd comme un tissu de velours épais », « la respiration est calme et régulière comme une vague qui va, qui vient sur le rivage ». La séance se termine par une reprise : revenir ici et maintenant.

Loin d’être une simple technique, c’est une expérience subjective pour les enfants. Au fur et à mesure des séances, le patient perçoit les tensions résiduelles et se mettre à penser. L’important est que le patient soit présent à ce qui se passe en lui pendant qu’il essaye de se détendre, et non qu’il se détende à tout prix.

L’hypnose thérapeutique

Chacun possède la capacité naturelle de dissociation qui consiste à « être présent sans l’être vraiment ».

L’hypnose thérapeutique vise à accéder à un état de conscience entre la veille et le sommeil et peut ainsi parfois être utilisée comme alternative à l’anesthésie.

Dans le cas des douleurs chroniques, l’apprentissage de cette méthode peut permettre de solliciter, au moment voulu, cet état de conscience modifié et ainsi mieux gérer les moments difficiles.

L’hypnose thérapeutique n’a rien à voir avec l’hypnose de spectacle, largement véhiculée par les médias. Elle ne vise ni à manipuler le sujet en lui faisant faire des actions qu’il n’aurait pas décidé de faire, ni à l’obliger à se remémorer des souvenirs oubliés.
https://youtu.be/cyApK8Z_SQQ

La méditation

Il s’agit d’une pratique mentale qui consiste en une attention portée sur un certain objet, au niveau de la pensée, des émotions, du corps. Elle nécessite là encore un apprentissage progressif.
Pour l’enfant, les méditations sont accompagnées par des inductions verbales. De nombreuses applications existent aujourd’hui pour s’initier. Ces médiations se déroulent parfois tranquillement assis·e (ex : Application « Petit bambou ») ou des méditations actives (Application : « Zamizen », « Silence on bouge »…). Elles invitent souvent à explorer les émotions de l’enfant.

Séance d'hypnose anti-douleur par Mme Catherine Paquet, psychohérapeute

Voici une séance d’hypnose indiquée en cas de migraines, douleurs chroniques …

Séance de relaxation profonde par Mme Catherine Paquet, psychohérapeute

Voici une séance de relaxation profonde indiquée en cas de stress, anxiété, douleurs, problèmes de sommeil.

Méditation en pleine conscience contre la douleur

Grâce à la Fondation APICIL, le Centre de la douleur du CHU de Toulouse expérimente des groupes de méditation de pleine conscience pour les adolescents douloureux. Cette technique aide à être présent à soi-même et nécessite d’être attentif à ses émotions et à ses pensées. Elle apporte des outils pour lutter contre la douleur, physique et psychique.
Lorsque les adolescents arrivent au Centre de la douleur, ils sont en impasse thérapeutique. La douleur est devenue chronique et les traitements proposés n’ont pas fonctionné.
Les adolescents qui participent au groupe de méditation se voient proposer différents outils. Les souffrances et les blessures psychiques sont évoquées, reconnues, identifiées et traitées grâce à la méditation.
Au Canada, cette technique a fait ses preuves chez les adultes douloureux chroniques. L’équipe de Toulouse, souhaitait adapter cette pratique au contexte socio-culturel français. C’est maintenant chose faite grâce au soutien financier de la Fondation APICIL. Le Docteur Agnès SUC a mis en place les groupes de méditation pleine conscience et l’évaluation de ce programme.
Les résultats sont excellents.

Ma quête pour traiter mon anxiété - reportage

Voici une vidéo très intéressante pour comprendre qu’il existe différents moyens de prendre en charge l’anxiété, qui fait très bon ménage avec la douleur chronique … Il s’agit d’un reportage de Marie-Eve MAHEU, journaliste à la radio Canadienne (RAD), qui a testé la TCC, la méditation pleine conscience, la réalité virtuelle et l’hypnose pour mieux vivre sa propre anxiété. Le reportage s’intitule « Ma quête pour traiter mon anxiété », il dure 16 minutes, et permet de se faire une idée plus précise de ces approches thérapeutiques. Vous pouvez aussi retrouver ce reportage directement sur le site de la RAD.