Les traitement médicamenteux (PDS)

Les traitements médicamenteux

La prise en charge de la douleur chronique de l’enfant doit être globale. Le modèle de prise en charge correspond au modèle bio-psycho-social 1. Le traitement médicamenteux, s’il est prescrit, ne doit être, en conséquent, qu’un élément de la prise en charge de l’enfant ou de l’adolescent∙e. Ainsi, la prescription d’un traitement médicamenteux sera systématiquement associée avec des mesures non médicamenteuses.

Les traitements médicamenteux de la douleur chronique sont principalement les antalgiques usuels de la douleur aigue (voir Pediadol pour plus d’information) et des traitements neurotropes (antiepileptiques, antidépresseur). On trouve d’autres traitements dans des indications spécifiques comme la douleur neuropathique (traitements locaux).

La littérature au sujet des traitements médicamenteux de la douleur chronique de l’enfant est rare. Les prescriptions sont principalement faites par inspiration de la prise en charge de la douleur aigüe ou de la prise en charge de la douleur chronique chez l’adulte.

Entre 2017 et 2019, des équipes internationales ont revu la littérature concernant la prise en charge médicamenteuse de la douleur chronique de l’enfant. Les conclusions principales sont les suivantes :

Dans la douleur chronique de l’enfant, on ne peut pas recommander la prise au long cours de :

  • Paracetamol 2 : pas de preuve d’efficacité
  • Anti Inflammatoire Non Stéroïdien 3 (ibuprofène, ketoprofene, aspirine, …) :
    ▪ Pas de preuve d’efficacité
    ▪ Quelques effets secondaires rapportés (en particulier avec l’Aspirine)
    ▪ Dans certaines pathologies chroniques inflammatoires les anti-inflammatoires peuvent être utiles.
  • Opiacés 4 (tramadol, codéine, morphine, fentanyl, oxycodone, méthadone)
    ▪ Pas de preuve d’efficacité
    ▪ Risque important de tachyphylaxie, de dépendance, de mésusage
    ▪ Effets secondaires importants, en particulier chez l’adulte
  • Anti-dépresseur 5,6
    ▪ Pas de preuve d’efficacité
    ▪ L’Amytriptyline est la seule molécule décrite chez l’enfant avec un effet antalgique au long cours dans certains types de douleurs chroniques
    • Douleur abdominale chronique
    • Céphalées de tension chroniques quotidiennes
    • Douleur neuropathique chronique
  • Anti-épileptiques 7
    ▪ Pas de preuve d’efficacité
    ▪ Les études adultes rapportent une efficacité en 2e intention de l’usage de la Gabapentine et de la Prégabaline après échec de l’Amytriptiline dans la douleur neuropathique chronique

Concernant la douleur neuropathique chronique :

• L’utilisation de patchs de Lidocaïne 5% 6 peut être recommandée en cas de douleur neuropathique focale.
• L’usage de la gabapentine et de la prégabaline sont à réserver aux échecs de l’Amytriptiline après concertation entre neurologue et algologue. Ces traitements sont moins maniables dans leur galénique.
• L’usage de patch de Capsaïcine n’est pas décrit en pédiatrie pour le moment. Son usage est réservé à des équipes spécialisées en cas d’échec des autres thérapeutiques.

Autres traitements :
L’utilisation de traitements IV dans la douleur chronique comme la Kétamine, la Lidocaïne est anecdotique. Il convient de rappeler que ces traitements n’ont pas fait les preuves de leur efficacité et encore moins de leur innocuité en pédiatrie 8.

Du fait de la co-occurrence fréquente d’anxiété, de dépression, de trouble du sommeil en cas de douleur chronique, on pourra proposer après dépistage de ces troubles un traitement spécifique de ces affections. Encore une fois, le traitement pourra être multimodal (médicamenteux et non médicamenteux).

Conclusion :
À ce jour aucun traitement médicamenteux ne saurait être l’unique axe thérapeutique de la prise en charge de la douleur chronique pédiatrique.
En inscrivant sa prescription dans une prise en charge bio-psycho-sociale, une prescription médicamenteuse peut être proposée, elle sera faite au cas par cas.
La prescription d’un traitement médicamenteux peut être présentée comme une aide temporaire le temps que les techniques non médicamenteuses soient suffisamment maitrisées.

Liens :

Recommadations Vidal :
https://www.vidal.fr/maladies/recommandations/douleur-de-l-enfant-1778.html#prise-en-charge

Bibliographie
1. Liossi, C. & Howard, R. F. Pediatric Chronic Pain: Biopsychosocial Assessment and Formulation. Pediatrics 138, e20160331 (2016).
2. Cooper, T. E. et al. Paracetamol (acetaminophen) for chronic non-cancer pain in children and adolescents. Cochrane Database Syst. Rev. 8, CD012539 (2017).
3. Eccleston, C., Cooper, T. E., Fisher, E., Anderson, B. & Wilkinson, N. M. Non-steroidal anti-inflammatory drugs (NSAIDs) for chronic non-cancer pain in children and adolescents. Cochrane Database Syst. Rev. 8, CD012537 (2017).
4. Cooper, T. E. et al. Opioids for chronic non-cancer pain in children and adolescents. Cochrane Database Syst. Rev. 7, CD012538 (2017).
5. Cooper, T. E. et al. Antidepressants for chronic non-cancer pain in children and adolescents. Cochrane Database Syst. Rev. 8, CD012535 (2017).
6. Banerjee, S. & Butcher, R. Pharmacological Interventions for Chronic Pain in Pediatric Patients: A Review of Guidelines. (Canadian Agency for Drugs and Technologies in Health, 2020).
7. Cooper, T. E. et al. Antiepileptic drugs for chronic non-cancer pain in children and adolescents. Cochrane Database Syst. Rev. 8, CD012536 (2017).
8. Does general anesthesia affect neurodevelopment in infants and children? – PubMed. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31818811/.