Equivalents migraineux

Equivalents migraineux

Quatre syndromes périodiques de l’enfance ont été intégrés comme des précurseurs de la migraine : la migraine abdominale, le syndrome des vomissements cycliques, le vertige paroxystique bénin et le torticolis paroxystique bénin.

Le traitement de ces formes n’est pas toujours aisé. Dans un premier temps, un traitement identique à celui de la migraine peut être essayé. L’avis d’un centre spécialisé sera souvent nécessaire initialement pour confirmer le diagnostic et discuter les orientations thérapeutiques.

Il n’est pas rare que des enfants présentent plusieurs équivalents migraineux : par exemple, des épisodes de « tête penchée » dès les premiers mois de vie, puis des vertiges paroxystiques, puis en grandissant des migraines.

Les critères ci-dessous sont issus de la 3ᵉ édition de la classification internationale des céphalées (the International Classification of Headache Disorders, ICHD-3).

Vous trouverez ICI cette 3ème édition traduite en français dans son ensemble, et pour accéder à la classification originale de l’IHS, rendez-vous sur leur site : https://ichd-3.org/

Description :

Syndrome idiopathique observé principalement chez les enfants, constitué de crises récurrentes de douleur abdominale médiane modérée à sévère, associée   à   des   symptômes   vasomoteurs,   des   nausées   et   des vomissements, d’une durée de 2 à 72 heures  et  sans  aucune anomalie entre les épisodes. Il n’y a pas de céphalée pendant ces épisodes.

Critères diagnostiques :

A. Au  moins  cinq  crises  de  douleurs  abdominales  répondant  aux critères B–D

B. La douleur a au moins deux des trois caractéristiques suivantes :

  1. topographie médiane, périombilicale ou mal localisée
  2. tonalité sourde ou « juste douloureuse »
  3. intensité modérée ou sévère

C. Au moins deux des quatre symptômes ou signes associés suivants :

  1. anorexie
  2. nausées
  3. vomissements
  4. pâleur

D. Crises durant 2 à 72 heures sans traitement ou si elles sont traitées sans succès

E. Absence totale de symptômes entre les crises

F. Non attribué à une autre pathologie (en particulier, l’histoire clinique et l’examen physique ne montrent pas  de  signes  de pathologie  gastro-intestinale  ou  rénale,  ou  ces pathologies ont été exclues par des investigations appropriées.

Commentaires :

La  douleur  de  la  migraine  abdominale est  suffisamment  intense pour interférer avec les activités quotidiennes. On  néglige souvent  la  présence  de  céphalée  chez  les  jeunes  enfants.  Un interrogatoire minutieux concernant la présence ou l’absence de céphalée doit être effectué et, si une céphalée est identifiée pendant les crises, un diagnostic de migraine sans aura doit être envisagé.

Les enfants peuvent avoir des difficultés pour distinguer l’anorexie de la nausée.  La  pâleur  est  souvent  accompagnée  de  cernes  sous  les  yeux. Chez   quelques   patients,   la   rougeur   est   le   phénomène   vasomoteur prédominant. La plupart des enfants atteints de migraine abdominale développeront des migraines plus tard dans leur vie.

Les conseils de Dolomio :

Seules des crises de douleurs abdominales intenses, séparées d’intervalles libres, peuvent éventuellement évoquer une migraine abdominale. Les facteurs déclenchants seront recherchés, comme pour la migraine. Le traitement de fond sera le même que celui de la migraine ; le traitement de crise sera discuté en service spécialisé.

Description :

Crises    récurrentes    de    nausées    et    de    vomissements    intenses, généralement  stéréotypées  chez  un  même  patient  et  avec  une  survenue prévisible.  Les  crises  peuvent  être  associées  à  une  pâleur  et  à  une léthargie. La résolution des symptômes entre les crises est complète.

Critères diagnostiques :

A. Au  moins  cinq  crises  de  nausées  et  de  vomissements  intenses, répondant aux critères B et C

B. Stéréotypées  chez  un  même  patient  et  récurrentes  avec  une périodicité prévisible

C. Tous les éléments suivants :

  1. nausées  et  vomissements  se  produisant  au  moins  quatre  fois par heure
  2. durée des crises ≥ 1 heure et jusqu’à 10 jours
  3. crises séparées d’au moins 1 semaine

D. Absence totale de symptômes entre les crises

E. Non attribué à un autre trouble (en particulier, les antécédents médicaux et l’examen physique  ne montrent pas de signes de maladie gastro-intestinale)

Commentaires :

Le  syndrome  des  vomissements  cycliques est  typiquement  un syndrome  épisodique  spontanément  résolutif  survenant  dans  l’enfance, avec  des  périodes  de  totale  normalité  entre  les  épisodes.  Le  caractère cyclique est caractéristique et les crises sont prévisibles.

Les conseils de Dolomio :

La dernière classification IHCD3 précise que seules les crises survenant à intervalle régulier doivent maintenant être appelés vomissements cycliques. Ces formes régulières, toutes les x semaines, les plus rares, sont souvent très résistantes aux traitements de crises. L’ondansétron en tout début de crise peut améliorer les vomissements ainsi qu’un resucrage rapide, mais pas toujours. Des traitements de fond plus spécifiques seront souvent proposés en service spécialisé.

Les vomissements cycliques irréguliers, soumis aux mêmes facteurs déclenchants que les migraines, ont plus de chance de répondre aux traitements de crises habituels des migraines, ainsi qu’à l’ondansétron et au resucrage. En cas d’inefficacité, un avis spécialisé sera demandé.

Les premières crises de vomissements cycliques entraînent en principe des hospitalisations et des diagnostics de « gastro ». Leur répétition, les vomissements réfractaires, et l’état souvent « léthargique » des enfants pendant les crises finit par faire évoquer le diagnostic. Passé l’âge des risques de déshydratation, les hospitalisations sont souvent peu utiles, des traitements peuvent être proposés au domicile.

Description :

Syndrome  caractérisé  par   de  brèves   crises   récurrentes  de  vertige, survenant  sans  avertissement  et  se  résolvant  spontanément, chez  des enfants par ailleurs en bonne santé.

Critères diagnostiques  :

A. Au moins cinq crises répondant aux critères B et C

B. Vertige survenant  sans  avertissement,  maximal  dès  son  début  et se  résolvant  spontanément  après  quelques  minutes  à  quelques heures sans perte de conscience

C. Au moins un des cinq symptômes ou signes associés suivants :

  1. nystagmus
  2. ataxie
  3. vomissements
  4. pâleur
  5. peur

D. Examen  neurologique  et  fonctions  audiométriques  et  vestibulaires normaux entre les crises

E. Non attribué à une autre pathologie (en  particulier,  les  tumeurs  de  la  fosse  postérieure,  les  crises épileptiques et les troubles vestibulaires ont été exclus).

Commentaire :

Les  jeunes  enfants  atteints  de  vertige  peuvent  ne  pas  être  en mesure de décrire les symptômes vertigineux. L’observation par les parents de périodes épisodiques d’instabilité peut être interprétée comme un vertige chez les jeunes enfants.

Les conseils de Dolomio :

Si certaines crises de vertiges paroxystiques sont courtes et l’impact reste faible, d’autres durent plusieurs jours avec une incapacité complète à se lever et à bouger la tête, surtout le matin, une tendance à l’amélioration dans l’après-midi et une récidive le lendemain, jusqu’à un arrêt en quelques jours. Les traitements de la crise de migraine peuvent être essayés. Les traitements de fond de la migraine seront proposés. Parfois des traitements plus spécifiques seront prescrits en centre spécialisé.

Description :

Épisodes récurrents d’inclinaison de la tête d’un côté, possiblement avec une  légère  rotation,  qui  disparaît  spontanément.  Ce  syndrome  survient chez  les  nourrissons  et  les  jeunes  enfants,  avec  un  début  dans  la première année.

Critères diagnostiques :

A. Crises récurrentes chez  un  jeune  enfant,  répondant  aux  critères B et C

B. Inclinaison  de  la  tête  d’un  côté,  avec  ou  sans  légère  rotation, disparaissant spontanément après quelques minutes ou jours

C. Au moins un des cinq symptômes ou signes associés suivants :

  1. pâleur
  2. irritabilité
  3. malaise
  4. vomissements
  5. ataxie

D. Examen neurologique normal entre les crises

E. Non attribué à une autre pathologie (le  diagnostic  différentiel  inclut  le  reflux  gastro-œsophagien,  la dystonie idiopathique et les crises épileptiques partielles. De plus, il convient  de  prêter  une  attention  particulière  à  la  fosse  postérieure et  à  la  jonction  cranio-cervicale    des  lésions  congénitales  ou acquises peuvent produire un torticolis).

Commentaires :

La  tête  de  l’enfant  peut  être  ramenée  en  position  neutre  pendant  les crises :  il  est  possible  de  rencontrer  une  certaine  résistance,  mais  elle peut être surmontée. Ces observations doivent être validées par les agendas des patients, des entretiens structurés et la collecte de données longitudinales.

Le  torticolis  paroxystique  bénin peut  évoluer  en  vertige paroxystique bénin ou en migraine avec aura (en particulier en migraine avec aura du tronc cérébral) ou cesser sans autres symptômes.

Les conseils de Dolomio :

Ce syndrome est souvent celui qui débute le plus précocement. L’enfant présente régulièrement des épisodes de « tête penchée ». Les parents s’en rendent compte et consultent mais aucune étiologie n’est retrouvée. Lorsque l’enfant commencera à parler, il nommera souvent des céphalées et/ou des vertiges associés, permettant de poser le diagnostic de migraine.