Migraine : Questions Réponses

Céphalées primaires : questions/réponses

  • Les enfants peuvent ils souffrir de migraine ?
    La pathologie migraineuse représente la première cause de céphalée récurrente de l’enfant. Entre 5 et 10 % des l’enfants présentent d’authentiques crises migraineuses. La migraine peut débuter dès l’âge deux ans.
    Les données épidémiologiques françaises sont comparables à des autres pays * (Finlande, Grande Bretagne, Italie, Grèce, Turquie, Iran, Arabie Saoudite…)
  • Comment diagnostiquer la migraine de l’enfant ?
    Le diagnostic médical de migraine peut se faire facilement en écoutant l’enfant et ses parents décrire ce qui se passe pendant les crises et grâce à un examen complet de l’enfant (réflexes, tension artérielle…).
    Il n’est pas nécessaire que le médecin le voie en pleine crise ni de passer de nombreux examens (scanner, électro-encéphalogramme, radio…).
  • Est-ce une maladie génétique ?
    Dans environ 90 % des cas, on retrouve d’autres personnes de la famille qui sont ou qui ont été migraineuses. Mais pour certaines d’entre elles, le diagnostic de migraine n’a pas été fait. Ces antécédents aident à diagnostiquer la maladie chez l’enfant et on connaît de mieux en mieux les gènes responsables de la migraine
  • À partir de quel âge cette maladie peut-elle toucher les enfants ?
    Contrairement à ce que l’on pensait, des nourrissons ont parfois déjà de vraies crises. Mais il est difficile de faire le diagnostic à cet âge, il faut pour cela, attendre que l’enfant commence à parler pour décrire sa douleur.
  • Est-ce que la migraine peut provenir d’un problème ophtalmologique ?
    La migraine n’est qu’exceptionnellement liée à des problèmes ophtalmologiques. Par contre les efforts de concentration, liés à la compensation d’un problème de vue peuvent être un facteur déclenchant de la crise.
  • Le régime alimentaire peut-il avoir une influence sur le déclenchement des crises ?
    Non, l’alimentation n’est que très exceptionnellement liée à la migraine chez l’enfant. En revanche, l’alcool et certains aliments peuvent, chez l’adulte, être à l’origine de certaines crises.
  • Peut-on guérir de la migraine ?
    Pour la grande majorité des enfants et adolescents les crises diminuent ou disparaissent en grandissant (vers 15-20 ans). Les médicaments soignent les crises mais ne font pas disparaître la maladie. En revanche, une bonne prise en charge peut en améliorer l’évolution.
  • Est-ce une maladie grave ?
    La migraine ne met jamais la vie de l’enfant en danger malgré l’apparence impressionnante de certaines crises (pâleur “cadavérique”, vomissements importants, torpeur…).
  • Y a-t-il des migraines plus ou moins graves ?
    Certains enfants ont des crises légères, espacées et faciles à traiter, d’autres, des crises beaucoup plus longues, fréquentes et intenses. Cela dépend aussi des périodes et des traitements qu’ils vont recevoir.
  • Est-ce une maladie psychologique ?
    Non, c’est une maladie génétique. Dans certaines crises, le côté psychologique est d’ailleurs totalement absent : crises déclenchées par des stimulations sensorielles (excès de bruits, chaleur, lumière…). Mais souvent, les facteurs déclenchants psychologiques sont au premier plan et c’est pour cela que l’on considère encore trop souvent la migraine comme une maladie psychologique. Cette vision réductrice est dangereuse car elle peut :
    – empêcher de prendre cette maladie au sérieux et donc retarder une bonne prise en charge.
    – rendre, à tort, l’enfant responsable de ses crises.
    – faire suspecter une simulation de la part de l’enfant (“ C’est du cinéma ! ”).
  • Y a-t-il des différences entre la migraine de l’adulte et celle de l’enfant ?
    C’est la même maladie, mais l’enfant a plutôt mal au niveau du front ou des deux tempes simultanément et ses crises sont plus courtes. La migraine est plus facile à traiter chez l’enfant que chez l’adulte, il ne faut donc pas la considérer comme une fatalité.
  • N’y a-t-il pas un risque que ces maux de tête proviennent d’une tumeur cérébrale ?
    La plupart des parents ont cette crainte. Mais un examen clinique complet et l’interrogatoire précis de l’enfant suffisent souvent à éliminer ce diagnostic. Si un doute persiste, des examens spécifiques seront alors demandés (scanner, IRM….).
  • Un enfant peut-il se plaindre d’avoir mal à la tête pour ne pas aller à l’école ?
    Le stress, l’anxiété et les contrariétés sont souvent à l’origine des crises de migraine, c’est pour cela que l’on a parfois tendance à penser que l’enfant invente ou utilise ses maux de tête. Mais il faut savoir qu’en aucun cas l’enfant ne déclenche volontairement sa crise.

* Annequin D, Dumas C, Tourniaire B, Massiou H. Migraine et céphalée chronique de l’enfant Rev Neurologique. 2000; 156: 4S 68-74.

  • Quelle est la place du Laroxyl (amitriptyline) dans les migraines ?

Dans les différentes études réalisées en pédiatrie concernant les migraines, il n’y a pas d’efficacité démontrée pour le LAROXYL en traitement de fond des migraines. En revanche, le LAROXYL peut être prescrit dans les cas où les migraines surviennent dans un contexte très anxieux ou si le cycle du sommeil est particulièrement perturbé. Ce traitement doit être bien expliqué aux familles. Connu pour être un antidépresseur, son action sur les douleurs chroniques et non comme antidépresseur doit être spécifiée. À petites doses, son action anxiolytique peut être intéressante et permettre aussi un meilleur sommeil. 

La posologie maximale est de 1 mg/kg/j. Il s’agit d’introduire progressivement en débutant à une posologie de 0,3 mg/kg/j, voire moins et d’augmenter la posologie par la suite. La durée de prescription doit être courte. Un ECG doit être réalisé avec l’introduction de ce traitement pour rechercher un éventuel QT long qui contre indiquerai la prescription de cette molécule. Les effets secondaires à surveiller sont les suivants : somnolence, prise de poids, sécheresse de la bouche, constipation.

Ainsi en pratique, pour un enfant de 40 kg, nous recommandons de débuter par exemple à 5 gouttes le premier soir et d’augmenter d’une ou deux gouttes chaque soir. Ceci permet de juger de la tolérance clinique, de l’absence de somnolence matinale ou diurne et d’arrêter l’augmentation à une posologie « confortable » avec le maintien d’une bonne vigilance. L’efficacité sur les céphalées ne sera pas forcément visible rapidement. L’enfant/l’adolescent·e et sa famille jugeront donc d’abord la tolérance clinique et potentiellement l’aspect un peu anxiolytique. Une réévaluation clinique régulière en consultation est nécessaire pour aider la famille à adapter la posologie.

Ce traitement médicamenteux sera toujours associé aux méthodes psychologiques.

  • Que faire sur une céphalée de tension très invalidante aux urgences ?

Pas de prescription d’antalgique recommandée. Dans la prise en charge des céphalées de tension ou des migraines, il n’y a pas d’indication pour les paliers 2 ou 3. Une séance de MEOPA (mélange équimolaire oxygène protoxyde d’azote) réalisé aux urgences, par son effet anxiolytique, permet parfois d’apaiser la symptomatologie. Par la suite, il s’agit de rechercher si des évènements de vie importants ou une part émotionnelle coexistent avec ces céphalées. Il faut alors expliquer au patient et à sa famille l’importance d’une prise en charge psycho-corporelle plutôt qu’une prise en charge médicamenteuse. En effet, la prise d’antalgique n’est pas recommandée dans le cas d’une céphalée de tension et peut même favoriser la survenue de céphalée de tension par la suite.

  • Comment explique-t-on les auras ?

Les auras sont des phénomènes pouvant accompagner les céphalées lors d’un épisode migraineux. Il s’agit de phénomènes cliniques apparaissant avant ou pendant les céphalées et complètement régressif, avec une durée maximale d’une heure. Chez les enfants, les auras et les céphalées peuvent survenir en même temps. Il peut s’agir d’aura visuelle (taches noires, scotomes, tâches colorées, vision floue…), sensitive (paresthésie), auditive (sifflements, bourdonnements) ou bien encore de trouble moteur ou de trouble du langage.

Un livre complet et très utile sur le sujet : Migraine, céphalées de l’enfant et de l’adolescent, sous la direction de Daniel Annequin, Barbara Tourniaire et Remy Amouroux, éditions Springer 2014

  • Anomalie examen clinique neurologique

  • Céphalée d’apparition récente, inférieure à 6 mois, d’intensité croissante, ne répondant pas aux traitements

  • Céphalée différente des céphalées habituelles

  • Céphalées en coup de tonnerre, d’intensité d’emblée maximale

  • Âge inférieur à 6 ans. Cet âge est habituellement cité car il est couramment considéré qu’avant 6 ans un enfant a du mal à décrire ses céphalées. Or le diagnostic repose sur l’interrogatoire. Cependant, la plupart des enfants à partir de 4 ou 5 ans, aidés de leurs parents si nécessaire, sont tout à fait capables de décrire leurs céphalées, en particulier lorsqu’ils ont des migraines.

  • Symptômes évocateurs d’HTIC

  • Cassure de la courbe staturo-pondérale

  • Enurésie secondaire

  • Changement de comportement

C’est l’IRM cérébrale qui est indiquée dans ces situations cliniques. Un scanner cérébral peut être envisagé en cas d’urgence, où l’IRM ne peut être réalisée.