Les douleurs pelviennes chroniques

Les douleurs pelviennes

Les douleurs pelviennes chroniques incluent les dysménorrhées, primaires ou secondaires, ainsi que les douleurs abdomino-pelviennes et pelvi-périnéales. 

Nous avons fait le choix de les aborder dans un chapitre différent des douleurs abdominales chroniques, afin de laisser de la place aux douleurs en lien avec les organes génitaux internes et externes. 

Bien entendu, chez certain·e·s patient·e·s, il y a une co-existence des douleurs abdominales et des douleurs pelviennes, et ce qui est indiqué sur la page sur les douleurs abdominales peut être utile.

Les dysménorrhées

Les dysménorrhées sont très fréquentes, elles concernent entre 50 et 90% des adolescentes selon les études épidémiologiques. Les dysménorrhées sévères, résistantes aux traitements de première intention, concernent 10 à 25% des patientes.  

Il s’agit donc d’un symptôme fréquent, invalidant, qui mérite toute notre écoute de soignant·e, ainsi que des compétences pour savoir proposer des solutions pour soulager les patient·e·s.

En cas de suspicion de dysménorrhées secondaires (c’est à dire en lien avec une pathologie sous-jacente comme l’endométriose, ou une maladie inflammatoire de l’intestin par exemple), il faut également savoir orienter les patient·e·s vers des professionnel·le·s de santé qualifié·e·s et habitué·e·s à recevoir des adolescent·e·s.

La Société Française de Pédiatrie, avec le Dr Valérie Belien-Pallet, a rédigé un Pas à Pas sur les Dysménorrhées à l’adolescence. Ce document est très complet, bien documenté, et prend en considération les différents aspects de cette prise en charge.

Vous pouvez le consulter sur le site Pas à Pas de la Société Française de Pédiatrie, ou en cliquant sur le PDF ci dessous.

Les douleurs pelviennes chroniques

Qu’il s’agisse de dysménorrhées primaires ou secondaires, de douleurs abdominales, pelviennes ou périnéales, quand les douleurs deviennent récurrentes, chroniques, parfois permanentes, il convient de les approcher selon le modèle bio-psycho-social (cf. généralités sur les douleurs chroniques).

Dans un article de Gagnon et al. paru dans Pain en 2022, intitulé Dysmenorrhea across the lifespan: a biopsychosocial perspective to understanding the dysmenorrhea trajectory and association with comorbid pain experiences (que l’on peut traduire en français par « La dysménorrhée au cours de la vie : une perspective biopsychosociale pour comprendre la trajectoire de la dysménorrhée et son association avec des expériences comorbides de douleur »), les auteur·e·s proposent un modèle qui reconnaît l’influence d’éléments biopsychosociaux du cours de la vie sur les dysménorrhées. 

En effet, les causes biologiques (ou organiques) seules ne peuvent en général pas expliquer la sévérité des douleurs pelviennes et leur retentissement. Les auteur·e·s ont fait une revue de la littérature et répertorié tous les facteurs pour lesquels il a été retrouvé une relation statistique avec les dysménorrhées sévères :

– Facteurs biologiques : prostaglandines, cytokines, changements hormonaux, influence du système nerveux central

– Facteurs psychologiques : santé mentale (anxiété, dépression, trauma), stress, catastrophisme sur la douleur, croyances sur les dysménorrhées

– Facteurs sociaux : histoire familiale, modélisation précoce, expériences négatives vécues dans l’enfance, faible soutien social, relations avec les pair·e·s.

L’intérêt de ce type d’article n’est évidemment pas de faire des relations de cause à effet linéaires. Chaque douleur a une histoire et des fondements différents. Cela nous confirme que des douleurs chroniques, invalidantes, doivent être approchées de façon globale et intégrative. 

Il revient aux professionnel·le·s de santé de laisser un espace de parole et de confiance suffisant pour pouvoir accéder à ces différents pans de la vie des patientes.

Mais alors que proposer ?

D’abord, nous pouvons proposer un espace de parole au sein de la consultation médicale : entendre la douleur et tout ce qui l’accompagne (limitation des activités, peurs, effets des traitements, retentisement sur le moral, le sommeil, l’alimentation, relations avec la famille, relations amicales, relations amoureuses, scolarité, vie professionnelle, précarité …).

Il est alors possible de proposer plusieurs axes de prise en charge parallèles :

traitements médicamenteux si efficaces (savoir arrêter un médicament qui ne marche pas, ou dont les effets indésirables sont supérieurs aux effets désirés) : AINS, mise en aménorrhée thérapeutique par des traitements hormonaux (pilules, implant)

traitements physiques : TENS, bouillottes, patchs chauffants, massages

psychothérapies : l’aide d’un·e psychologue clinicien·ne est souvent très précieuse, permettant un accompagnement dans cette période difficile de douleur chronique

méthodes psycho-corporelles (relaxation thérapeutique, hypnose, sophrologie, art thérapie)

aide sociale, évaluation par une assistante sociale

lien avec la scolarité, la médecine scolaire

Figure issue de l'article de Gagnon et al., Pain 2022